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Mahalia Melts In the Rain

Un film écrit par Carmine Pierre-Dufour
Fiction
BLM
Cinéma des femmes
Drame

Réalisation

Emilie Mannering

Production

Colonelle films

Année

2018

Mahalia, une petite fille noire âgée de 9 ans, se sent différente des autres filles avec qui elle suit des cours de ballet. Pour lui donner confiance en elle, sa mère l’amène dans un salon de coiffure se faire défriser les cheveux pour la première fois.

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Autour de ce texte

Le scénario de 𝘔𝘢𝘩𝘢𝘭𝘪𝘢 𝘔𝘦𝘭𝘵𝘴 𝘪𝘯 𝘵𝘩𝘦 𝘙𝘢𝘪𝘯 trotte dans ma tête depuis longtemps. Depuis ma première permanente pour me défriser les cheveux à l’âge de 7 ans. Depuis mes cours de ballet où je rêvais d’avoir le parfait chignon. Depuis ces paroles de la chanson 𝘋𝘰𝘰 𝘞𝘰𝘱 (𝘛𝘩𝘢𝘵 𝘛𝘩𝘪𝘯𝘨) de 𝗟𝗮𝘂𝗿𝘆𝗻 𝗛𝗶𝗹𝗹:

𝘐𝘵’𝘴 𝘴𝘪𝘭𝘭𝘺 𝘸𝘩𝘦𝘯 𝘨𝘪𝘳𝘭𝘴 𝘴𝘦𝘭𝘭 𝘵𝘩𝘦𝘪𝘳 𝘴𝘰𝘶𝘭𝘴 𝘣𝘦𝘤𝘢𝘶𝘴𝘦 𝘪𝘵’𝘴 𝘪𝘯
𝘓𝘰𝘰𝘬 𝘢𝘵 𝘸𝘩𝘦𝘳𝘦 𝘺𝘰𝘶 𝘣𝘦 𝘪𝘯, 𝘩𝘢𝘪𝘳 𝘸𝘦𝘢𝘷𝘦𝘴 𝘭𝘪𝘬𝘦 𝘌𝘶𝘳𝘰𝘱𝘦𝘢𝘯𝘴
𝘍𝘢𝘬𝘦 𝘯𝘢𝘪𝘭𝘴 𝘥𝘰𝘯𝘦 𝘣𝘺 𝘒𝘰𝘳𝘦𝘢𝘯𝘴

Ces quelques phrases m’ont permis de mettre le doigt sur ce sentiment de discordance que je ressentais en entrant dans les salons de coiffure dominicains de Montréal. D’un côté, c’était un endroit chaleureux où je me retrouvais parmi d’autres femmes noires et latinas, d’un autre, je ne pouvais oublier le fait que nous étions toutes là pour se plier aux standards de beauté occidentaux.

Pourtant, cela m’a pris des années avant d’oser écrire ce scénario. Peut-être parce que je ne pensais pas que ce film basé sur mon expérience personnelle en tant que femme noire saurait rejoindre un grand public? Puis, j’ai vu 𝘔𝘰𝘰𝘯𝘭𝘪𝘨𝘩𝘵 et c’est suite à cette expérience que j’ai eu envie de coucher sur papier cette histoire. Comme quoi, les films que nous voyons au grand écran permettent de valider le type d’histoires qui méritent d’être racontées.

C’est un honneur pour moi que mon scénario soit publié sur cette plateforme la même semaine que ceux de 𝗠𝘆𝗿𝗶𝗮𝗺 𝗠𝗮𝗴𝗮𝘀𝘀𝗼𝘂𝗯𝗮, 𝗠𝗮𝗿𝗶𝗲-𝗘̀𝘃𝗲 𝗝𝘂𝘀𝘁𝗲 et 𝗠𝗶𝗿𝘆𝗮𝗺 𝗖𝗵𝗮𝗿𝗹𝗲𝘀. Ce sont justement les films 𝘓𝘢̀ 𝘰𝘶̀ 𝘫𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴 et 𝘈𝘷𝘦𝘤 𝘑𝘦𝘧𝘧 𝘢̀ 𝘮𝘰𝘵𝘰 qui m’ont donné espoir que c’était possible d’être cinéaste noire au Québec. Quand j’ai pris connaissance de l’œuvre de 𝗠𝗶𝗿𝘆𝗮𝗺 𝗖𝗵𝗮𝗿𝗹𝗲𝘀, j’ai eu le sentiment que nos points de vue se multipliaient, s’élargissaient, se « diversifiaient ».

Il y a encore un long chemin à traverser avant que la diversité en avant et en arrière de l’écran devienne chose normale au Québec. J’émets le souhait que cette période de remise en question sur le racisme systémique dans notre province ne soit pas qu’une mode passagère et que des gestes concrets seront posés. Et si les institutions nous entendent et poursuivent leurs démarches inclusives, j’espère qu’on ne nous reprochera pas « notre chance » lorsque nos projets avanceront, que le milieu du cinéma sera heureux de célébrer les nouvelles voix qui se joignent à celles qui existent déjà pour dresser un riche portrait du Québec où je suis née.

Carmine Pierre-Dufour – 12 juin 2020