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Feu de bengale

Un film écrit par Miryam Charles
Fiction
Drame

Réalisation

Olivier Godin

Production

Miryam Charles, Michael Yaroshevsky

Année

2014

Antilles,1994 À la veille de l’arrivée de forces militaires étrangères sur l’île où elles ont grandi, les membres d’un groupe pacifique kidnappent un soldat afin de lui soutirer des informations qui pourraient à jamais altérer le destin politique de leur pays.

Bande Annonce
Autour de ce texte

J’écris toujours la même chose. Je tourne en rond. Je cherche à comprendre. À me reconnaître pour éviter la folie. Je m’accroche aux mots. Nommer les choses, des gestes, les gens, des lieux. Une compréhension nouvelle du temps présent.

Blessures, devenues brûlures, devenues forces motrices. Écrire et regarder.

Écouter.

Je t’ai vu grandir. De l’adolescence à l’âge adulte. À l’école puis au travail, puis dans l’opulence ou dans la pauvreté. Seul, avec des amis, marié, divorcé, avec ou sans enfants. Avec ou sans animaux de compagnie. En ville, en pleine nature, puis en mer, puis sur la lune et dans le désert. Dans les îles ou dans le continent. Je t’ai vu. Découvrir le monde pour la première fois. Découvrir le monde et le nommer. Découvrir le monde pour le posséder. Découvrir des lieux qui existaient avant toi. Sans toi.

Je t’ai vu aimer, haïr, mourir, tuer, renaître, rire et pleurer. Je t’ai vu dans ta complexité, dans tes nuances, dans ta beauté, dans la laideur. Vivre.

Je connais ton corps, tes cheveux, ta façon de marcher, de parler, de chanter, de danser, de faire la guerre, de faire l’amour.

Je t’ai aimé. Admiré. Plus que moi-même. Plus que mon histoire. Plus que ma culture.

Je t’aime.
Je t’aime.
Je t’aime.
Depuis l’enfance.
Je t’aime.
Je m’aime.
Je m’aime.
Je m’aime.
Depuis la trentaine.

Mon histoire est ici et là.

Moi ?

Je suis la fille d’immigrants haïtiens.

Je suis la fille de voyageurs haïtiens.

Je suis une descendante des colonies.

Toi aussi.

N’est-ce pas ?

Québécoise.

N’est-ce pas ?

J’écris toujours la même chose. Parce que rien ne change. Parce que tout change si lentement. Et je n’ai pas peur.

Pour en finir avec L’AUTRE.

Écrire pour finalement se voir.

Toi. Moi. Nous. Tel que l’on est.

Miryam Charles – 11 juin 2020